Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/261

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outre, insisté sur les inconvénients de confier un rôle administratif important à un homme politique, à côté du préfet de police et du préfet de la Seine, dont les attributions seront ainsi restreintes arbitrairement. Millerand se rend aux raisons de ses collègues et téléphone à Paris. Mais M. Gheusi, capitaine de réserve à l’état-major du général Gallieni, répond que le gouverneur serait tenté de démissionner, si on ne lui laissait pas la liberté de recourir à la collaboration de M. Doumer. Viviani, qui avait déjà fait partir un télégramme pour prier Gallieni de renoncer à son projet, en expédie un autre pour dire au gouverneur : « Si vous jugez indispensable de vous adjoindre la personne dont vous parlez, le gouvernement ne peut que vous laisser la responsabilité de cette décision. Mais il demande que cette personne n’exerce aucune autorité sur les préfets, qui doivent rester directement sous vos ordres. » Plusieurs membres du gouvernement trouvent cette précaution insuffisante. Ils émettent l’opinion que la meilleure manière de régler l’incident serait de déléguer provisoirement ou même définitivement deux ministres à Paris. Mais leur suggestion n’est pas retenue. Après tout, si l’ensemble de l’armée allemande a suivi le mouvement infléchi de von KIück et a « négligé » Paris, c’est peut-être parce que tous les ministres en sont partis ; et de toutes façons, puisque le gouvernement s’est imposé le pénible devoir de s’éloigner, il n’a maintenant qu’à s’en remettre au général Gallieni. C’est le parti qu’il prend, sous la réserve proposée par Viviani.

M. Delcassé reçoit à 13 h. 50, de M. Paul Cambon, le texte de la déclaration commune qui vient