Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/269

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d’État, « qu’il espérait bien que ses sentiments d’immense affection pour la France et de haute estime pour le premier magistrat de la République ne nous permettraient pas de nous arrêter aux insinuations séniles du marquis de Villa-Urrutia. » Aussitôt, le vieil ambassadeur avait été destitué. Son successeur, le marquis de Valtierra, capitaine général de la province de Burgos, ancien aide de camp du roi, a été attaché à ma personne lors de mon voyage à Madrid et c’est, paraît-il, eu souvenir de cette dernière qualité qu’il a été désigné comme titulaire de l’ambassade. Il a l’amabilité de me le confirmer lui-même dans l’allocution officielle qu’il m’adresse. Après l’avoir remercié et félicité, je lui réponds : « Je sais, monsieur l’ambassadeur, quels sont vos sentiments pour la France ; je sais qu’ils reflètent exactement ceux de la noble nation espagnole ; je sais qu’ils sont en parfaite harmonie avec ceux de Sa Majesté Alphonse XIII, qui n’a pas cessé de donner à mon pays des témoignages de sa fidèle amitié. Je vous remercie des vœux que vous formez pour le rétablissement de la paix. La France n’a pas voulu la guerre ; elle a tout fait pour l’éviter ; elle a maintenant le devoir de la poursuivre avec ses alliés jusqu’à la victoire et jusqu’à la réparation du droit. » Comment n’essaierais-je pas d’accorder aujourd’hui mon langage avec le magnifique effort que vont tenter nos armées ? Au moment même où je m’adresse, en ces termes, au nouvel ambassadeur, le général Gallieni, qui ignore les motifs du rappel de son prédécesseur, a la politesse d’envoyer un de ses officiers saluer ce dernier à son départ, et le marquis de Villa-Urrutia se désole publiquement de quitter