Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/276

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French et à son armée. Félicitations, d’ailleurs, hautement méritées.

Nouveau radio intercepté. Il annonce la chute, malheureusement trop vraisemblable, de Maubeuge. Indépendamment du grave échec que représente pour nous la prise de cette place, où le général Fournier s’est vaillamment acquitté d’une tâche ingrate, la reddition présente l’inconvénient de libérer deux corps allemands, qui vont accourir sur le front de la Marne.

Nous ne pouvons parer que par nos armées combattantes à ce danger prochain ; mais en vue des rencontres futures, Millerand étudie la formation d’une armée de seconde ligne, où seraient appelés au besoin les jeunes gens de dix-huit ans et jusqu’aux hommes de cinquante-six. Il faudrait, pour la constituer utilement, des canons, des fusils et des munitions. Or, il ne reste à la réserve que deux cents pièces de 75 ; il n’y en a plus que 50 non employées dans la zone des armées et elles vont servir immédiatement ; cinquante batteries de 75 sont en commande au Creusot ; mais les usines demandent quatre mois pour terminer les huit premières. Tout cela est déjà fort insuffisant pour l’artillerie de campagne. Quant à l’artillerie lourde, elle nous fait presque défaut. Je trouve que les services de l’armement ne se préoccupent pas assez de cette grave lacune. Je le dis à Millerand qui, par principe, défend ses subordonnés avec une belle énergie, mais qui, au fond, partage mes préoccupations. Il espère qu’on va pouvoir acheter des batteries en Portugal et en Espagne. Pour les fusils 86, on en fabrique actuellement 1 400 par jour et, à partir de la fin de septembre, on en fabriquera 1 500. Nous en attendons 50 000