Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/346

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nationale. Les manufactures de Saint-Étienne et de Châtellerault fournissent seulement cent mitrailleuses par mois. Nous sommes en négociations avec des maisons d’Amérique et de Grande-Bretagne, mais ici encore, un effort immédiat s’impose, qui appelle l’action continue du gouvernement et une surveillance quotidienne.

Quant aux avions, nous ne disposions, au commencement d’août, que de 24 escadrilles, comportant chacune 6 avions équipés et munis de leur personnel et, en outre, des avions de rechange, des camions et des voitures. Depuis l’ouverture des hostilités, il a été créé 12 escadrilles nouvelles. Nous possédions, d’autre part. 6 dirigeables en ordre de marche. L’un d’eux a été détruit, un autre est en réparation, un troisième est inutilisable. Quatre sont en construction. Notre infériorité en aviation est donc effrayante. Il y a des lacunes analogues dans les provisions d’habillement, de chaussures, de grand équipement, d’ustensiles de campement, de couvertures, de vêtements chauds, de tentes individuelles. Nous avons effectué des achats en Angleterre, en Espagne, aux États-Unis, au Canada. Mais que de choses nous manquent encore ! La guerre nous a vraiment surpris dans une période de transition et de pénurie. Les Allemands, du reste, ne le savaient que trop, par les dernières discussions parlementaires et par les révélations faites à la tribune du Sénat. Millerand a devant lui une tâche formidable, qui réclame toute sa puissance de travail, toute la force réalisatrice de son esprit tenace et ordonné.

J’ai visité aujourd’hui avec mon secrétaire général bénévole, Félix Decori, la petite ambulance qu’ont organisée, par leurs propres moyens,