Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/355

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girondine, Saint-Seurin, Sainte-Croix ou Saint-André, œuvres des Tourny, des Louis et des Gabriel, allées et cours publics, jardins et quinconces. C’est à peine si je prends le temps de revoir les bassins du port, moins animés qu’à l’ordinaire, et ces quais des Chartrons ou de la Paludate que j’ai tant de fois parcourus. Je ne m’égare plus sur ces boulevards extérieurs de Bègles ou de Talence, du Tondu, de Caudéran ou du Bouscat et, si je poussais là-bas, au delà du chemin de fer du Médoc, jusqu’à l’avenue de Bruges, je n’empêcherais point ma pensée de quitter la Gascogne pour s’envoler vers la malheureuse Belgique et vers les béguinages de la cité flamande. Tout au plus, vais-je, de temps en temps, passer une heure avec Mme Poincaré dans le jardin tranquille dont Roy de Clotte m’a ménagé, chez des amis, la libre jouissance. Lui-même, le spirituel bâtonnier girondin, m’y accompagne parfois et pendant que les arbres commencent à semer sous nos pieds leurs feuilles jaunissantes, nous nous promenons côte à côte, en évoquant de vieux souvenirs du barreau bordelais.

Nouvelle complication dans l’affaire belge. Le gouvernement royal est de plus en plus inquiet. M. Davignon a dit à M. Klobukowski : « Hâtez vous, ce n’est plus qu’une question d’heures21. » La population d’Anvers s’émeut. D’autre part, Je gouvernement anglais ne veut expédier une division que si nous envoyons nous-mêmes des troupes actives de très bonne qualité22. Sur une pressante intervention de M. Ribot, le Conseil décide que notre division territoriale du Havre partira, en