Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/381

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

près de Saint-Mihiel, ils ont, avec de la grosse artillerie, exécuté un tir systématique et à longue portée contre la propriété personnelle du président à Sampigny. Aucune raison militaire ne justifiait le choix de cet objectif. La preuve en est que seule la maison du président a souffert. On dirait que le reste du village a été jusqu’ici volontairement épargné. » Je souhaiterais que ce télégramme dît vrai et que Sampigny restât indemne. Il est malheureusement peu probable que le Clos suffise longtemps à la fureur destructive de l’ennemi.

Je passe la journée à dépouiller les documents qui sont arrivés, pendant mon absence, à la préfecture de la Gironde.

Un conseil supérieur de la Défense s’est tenu à Anvers, le 6 octobre, sous la présidence du roi et en présence de M. Winston Churchill. La situation a été reconnue très grave. L’ennemi, qui dispose de deux cents pièces d’artillerie, est maître d’écraser la place. Il a été décidé que l’armée de campagne reprendrait avec le roi, dans la direction de Gand, le mouvement conseillé par le général Joffre et suspendu à la demande du ministre britannique3. En fait, le bombardement d’Anvers a déjà commencé avant-hier soir et s’est continué depuis lors avec une grande violence. La plupart des forts tiennent encore. L’évacuation de l’armée de campagne se poursuit depuis le 6 dans des conditions satisfaisantes4. Le général Pau est arrivé à Ostende. Il a jugé préférable de ne pas introduire nos fusiliers marins dans la place bombardée. Il les a dirigés sur Gand5. De son côté, Joffre a