Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/405

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Le général en chef se plaint assez vivement de French, qui, dit-il, ne se décide pas volontiers à marcher et qui, avant-hier, ajoute-t-il, aurait pu reprendre Lille sans coup férir. Joffre va même jusqu’à craindre que le maréchal, préoccupé de défendre ses bases maritimes et spécialement Calais, ne se replie sur cette ville. Il souhaiterait le remplacement de French par le général Wilson, dont la collaboration est très précieuse au général Foch.

La nouvelle donnée par l’ambassade de Russie est confirmée. Les Allemands battent en retraite aussi bien au sud-ouest de Varsovie qu’à l’ouest d’Ivangorod et de Novoalexandria. Des combats acharnés se poursuivent en Galicie25.

…En Conseil des ministres, Viviani nous avait lu ce matin un télégramme du commissaire spécial de Cerbère, annonçant « de source sûre » que les Allemands de Barcelone préparaient un attentat contre moi. Au début de l’après-midi, comme nous allons, Mme Poincaré et moi, faire notre promenade quotidienne dans le jardin que nous a réservé l’amitié de Roy de Clotte, je trouve les abords gardés par tout un détachement d’agents cyclistes. Le jardinier paraît tout effaré d’avoir reçu la visite de la Sûreté. On me protège jusqu’à m’emprisonner. La « reine des abeilles » ne doit pas quitter sa ruche.



25. De M. Paléologue, 23 octobre 1914, n° 793.


Samedi 24 octobre

Dans la matinée, visite du camp de Souges, avec Viviani, Millerand et le général Legrand. Les