Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/406

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tentes sont dressées au milieu des pins, dans un site très pittoresque, sur un sol de sable fin. Il y a là des territoriaux et de jeunes recrues de la classe 1914. Tous ont très bonne tenue, mais la manœuvre à laquelle nous assistons ensuite, dans la campagne voisine du camp, nous montre que l’instruction est encore très incomplète et que les cadres laissent fort à désirer. Le» hommes ne savent pas se défiler ; ils avancent par bonds à découvert, comme on faisait naguère, et ils ignorent les enseignements de ces derniers mois. C’est à recommencer, comme dit le général Legrand, qui fait aux officiers, après cet exercice manqué, une critique assez sévère.


Dimanche 25 octobre

Notre attaque en avant d’Ypres a été brisée par des forces supérieures ; les Allemands ont même pu franchir l’Yser entre Nieuport et Dixmude. Ils se flattent, en outre, dans leurs radios, d’avoir occupé Armentières et Bailleul.

M. Viviani, qui fait l’intérim de l’Intérieur en l’absence momentanée de M. Malvy, rapporte au Conseil un incident qu’a provoqué hier la présence dans un restaurant parisien de M. Caillaux, mobilisé comme payeur aux armées. Reconnu par certaines personnes, il a été, paraît-il, injurié par la foule. La police a dû intervenir pour le soustraire à des violences inexcusables. Deux socialistes, MM. Groussier et Cachin, sont allés conter l’aventure au groupe des députés de la Seine et, d’après une lettre de M. Galli, ils y ont jugé sans indulgence l’attitude et le langage de M. Caillaux qui, même sous l’uniforme, parle du gouvernement avec amertume et de tout avec pessimisme.