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Mardi 22 décembre

Les Chambres ont donc été convoquées pour aujourd’hui en session extraordinaire. Depuis qu’elles se sont séparées, il s’est écoulé plus de quatre mois et demi, et quels mois ! Batailles de Lorraine, batailles d’Alsace, batailles des Ardennes et de Charleroi, retraite générale, vaines tentatives de rétablissement, invasion, victoire de la Marne, réveil trop ardent des espérances initiales, nouvelles illusions perdues, course à la mer, bataille de» Flandres, commencement d’une guerre de tranchées, sénateurs et députés ont suivi tout cela, les uns de près dans les corps où ils ont été mobilisés, les autres de loin, à Paris, à Bordeaux, ou dans les régions qu’ils représentent. Ils ont tous connu et partagé nos émotions. Dans l’ensemble, et malgré quelques petites cabales, ils sont revenus les même » qu’ils étaient partis, pleins de foi patriotique et résolus à tenir bon.

Dans chacune des deux assemblées, la séance a été très belle. Au Sénat, M. Antonin Dubost, président, a célébré la mémoire des membres décédés depuis cette journée du 4 août, dans laquelle a été scellée, après lecture de mon message, l’union de tous les partis pour le salut de la France. Il a rappelé dans quelles circonstances glorieuses est tombé M. Emile Reymond qui avait pu, du moins, l’un des premiers, contempler en ses vols héroïques la plaine d’Alsace recouvrée. Il a adressé au général Joffre et à ses collaborateurs le salut du parlement et de la nation. Il a affirmé que c’est par une confiance entière entre le gouvernement, le parlement et le pays que notre unité morale et notre force décisive seront sauvegardées. Il a été très applaudi.