Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/80

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attaquait la Serbie, la Grèce entrerait immédiatement en ligne contre la Bulgarie.

Visite de M. Léon Bourgeois. Il est profondément ému de la perte de Mulhouse. « On n’avait pas le droit, me dit-il, de donner aux Alsaciens un espoir qui devait être aussi rapidement déçu. Il ne fallait, sous aucun prétexte, entrer dans Mulhouse, si l’on n’avait pas la certitude d’y pouvoir rester. On va livrer à des représailles des populations qui nous ont fait confiance. » Je ne puis contredire mon ami. Je souffre, comme lui, de ce lamentable échec, dont, à l’heure présente, je ne connais encore exactement ni les causes, ni les détails.

Le ministre de la Guerre m’amène dans la soirée un officier venu du grand quartier général et chargé de nous donner quelques renseignements sur les opérations de la journée. Dans la Meuse, nous avons repris Mangiennes. Les Allemands ont sommé Longwy de se rendre ; la petite place, où je suis allé naguère, avec M. Lebrun, inaugurer le monument des trois sièges19, refuse de capituler, mais elle ne parait point en mesure de résister à l’artillerie lourde des nouveaux assiégeants. En Alsace, devant la supériorité du nombre, nous avons encore dû céder du terrain, mais nous tenons toujours Altkirch. L’officier ajoute : « La couverture n’est entamée nulle part. Le moral des troupes est excellent. Notre cavalerie a pris partout un ascendant extraordinaire. La cavalerie allemande fuit devant elle, chaque fois qu’on se trouve à nombre égal. Notre infanterie est très allante. L’état-major est confiant. Nous croyons presque que nous sommes