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commissions départementales et une commission supérieure. Mais il n’est jusqu’ici prévu d’indemnités qu’en vertu des lois qui ont trait aux réquisitions militaires. Il s’en faudra, par conséquent, de beaucoup que tous les préjudices subis par les populations puissent être réparés. Un jour viendra sans doute où cette législation devra être étendue.

À cette même séance du Conseil, est examiné de nouveau le projet anglais d’expédition commune en Orient. Ribot, Briand, Doumergue, Augagneur, Sembat, appuient vivement le dessein de nos alliés. J’en expose, à mon tour, les avantages. Si l’expédition est, comme l’a suggéré Lloyd George, subordonnée à la décision roumaine, elle coïncidera, en fait, avec l’entrée en ligne d’une nouvelle armée de cinq ou six cent mille hommes. Contre l’envoi de deux divisions, nous recevrions donc un surcroît de forces important.

Le gouvernement décide que la France participera à l’expédition, mais qu’elle priera l’Angleterre de former une division nouvelle, en sus des quatre qu’elle est sur le point de nous envoyer. Nous faisons part de cette détermination à MM. Bark et Lloyd George, qui viennent tous deux déjeuner, dans le clair-obscur du salon Murât, avec la plupart des ministres français. Ribot me raconte que le chancelier de l’Échiquier est allé voir Clemenceau. Il l’a trouvé très amer, et irrité surtout contre Delcassé. Le Tigre reste, d’autre part, fort mécontent que nous n’ayons pas fait venir des troupes japonaises en Europe. « Nous avons insisté nous-mêmes à Tokyo, lui a dit Lloyd George, et nous avons échoué. » Clemenceau n’en demeure pas moins convaincu que, s’il eût été au pouvoir, il aurait, lui, tout obtenu du mikado.

La presse publie, le vendredi 5 février, un com-