Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/51

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muniqué officiel, aussi sommaire qu’optimiste, sur la conférence des ministres alliés. Il y est dit que « les trois puissances sont résolues à unir leurs ressources financières aussi bien que leurs ressources militaires, afin de poursuivre la guerre jusqu’à la victoire finale. Dans cette pensée, les ministres ont décidé de proposer à leurs gouvernements respectifs de prendre à leur charge, par portions égales, les avances faites ou à faire aux pays qui combattent actuellement avec eux ou qui seraient disposés à entrer prochainement en campagne pour la cause commune… » Malgré cette note, des négociations très difficiles se sont encore poursuivies toute la journée. Des mots assez vifs ont même été échangés. Bark insistait pour obtenir, soit l’ouverture des marchés français et anglais à un grand emprunt, soit plus de deux milliards et demi d’avances. Il a fini par se contenter de la solution que j’ai indiquée plus haut. Lloyd George, de son côté, demandait une sorte de mise en commun des encaisses métalliques. Il a été seulement décidé que les banques de France et de Russie verseraient chacune à la banque d’Angleterre cent cinquante millions d’or, si l’encaisse de Londres tombait au-dessous d’un chiffre déterminé. Tout a fini par s’arranger. Mais l’attitude intransigeante de Bark a fait très mauvais effet sur Ribot, qui me parle du ministre russe avec une dédaigneuse sévérité[1].

Ribot me rapporte ensuite que Clemenceau, rencontré au Sénat, a tourné, cette fois, son irritation contre Millerand : « Il a été piteux à la commission de l’armée, a déclaré le Tigre d’un ton

  1. V. Le Règlement des dettes interalliées et le plan Dawes, par Jean Mircea Nonu, Paris, librairie Blanchard, p. 148 et s. — Lucien Petit, op. cit., p. 188 et s.