Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/69

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les communiqués laissent entrevoir, dans leur désolante monotonie, la continuation des pertes quotidiennes.

Pour échapper à cette stagnation, le gouvernement ne songe pas seulement à une armée de réserve ; il persiste dans l’idée d’une diversion par Salonique. Lorsque Delcassé est allé à Londres, Kitchener a promis une division. Mais le ministre de la Guerre anglais et sir Ed. Grey ont pensé que, si un corps anglo-français pouvait déterminer la Grèce à intervenir pour la Serbie, seule la présence de troupes russes était capable d’entraîner le peuple bulgare et de forcer la main au gouvernement de M. Radoslavoff et au roi Ferdinand. La Roumanie alors se trouverait, sans doute, obligée de suivre. (Londres, n° 200.) Or, le grand-duc Nicolas a commencé par se déclarer dans l’impossibilité d’envoyer un contingent russe dans la péninsule balkanique. Il a ensuite parlé d’un régiment de cosaques. (Petrograd, n° 209.) Il a fallu qu’on le pressât, comme on avait fait Joffre, pour qu’il acceptât l’idée de donner une brigade d’infanterie. (Petrograd, n° 230.)

Pendant ce temps, l’imagination de Sazonoff ne se lasse pas de travailler et de provoquer des démarches nouvelles à Athènes, à Bucarest, à Sofia. (Petrograd, nos 219 et 220.) Mais Bratiano retarde de jour en jour la décision roumaine. (Bucarest, n° 69.) Quant à Venizelos, il s’est ravisé et précise sa position en ces termes (Athènes, n° 42) : « Ou bien la Bulgarie marchera contre la Turquie et alors la Grèce ira soutenir la Serbie ; ou bien la Bulgarie gardera son attitude plutôt malveillante malgré toutes les affirmations contraires de M. Radoslavoff ; en ce cas, la Grèce n’entrera en action que si la Roumanie fait de même. » Sur quoi,