Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/71

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Delcassé a jugé bon d’encourager Venizelos et de lui faire annoncer l’envoi prochain d’un contingent franco-britannique. (De Paris à Athènes, n° 62.)

D’autres questions retiennent, en même temps, l’attention des gouvernements alliés. L’une, d’abord, d’importance secondaire. Le 11 février, à la Chambre des communes, M. Jouvet a demandé à sir Ed. Grey si les lettres échangées entre le roi George et moi le 31 juillet et le 1er août dernier et visées dans le Livre jaune, sans y être reproduites, ont été communiquées au cabinet britannique et si elles seront publiées. Le principal secrétaire d’État aux Affaires étrangères a répondu que les lettres avaient été connues de lui, mais qu’il n’était pas autorisé à en promettre la publication. Cependant, sir Ed. Grey est d’avis qu’il y aurait avantage à les faire connaître, car on y trouverait une preuve nouvelle des intentions pacifiques des deux gouvernements jusqu’à l’ouverture des hostilités. Il a sollicité l’autorisation royale et il a prié M. Paul Cambon de demander la mienne. (Londres, n° 222.) Je la lui donne bien volontiers, et Delcassé prévient notre ambassadeur.

Autre affaire plus délicate. L’Allemagne a déclaré, le 4 février dernier, que la Manche, les côtes de France au nord et à l’ouest, et les eaux qui baignent les îles britanniques sont une « zone de guerre ». Elle a officiellement notifié au gouvernement des États-Unis que « tous les navires ennemis rencontrés dans cette zone seront détruits et que les navires neutres peuvent y être en danger ». C’est là une prétention de torpiller à vue, sans aucun égard pour la sécurité des équipages et des passagers, tout navire marchand sous