Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 6, 1930.djvu/77

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et il n’en faut pas davantage pour calmer les esprits surexcités.

Mais pendant que les députés se rassérènent, voici que de nouveau les sénateurs s’agitent. Léon Bourgeois me dit que la commission de l’armée du Luxembourg a, une fois de plus, entendu Millerand et qu’il l’a indisposée tout entière. Sous prétexte qu’on ne l’interrogeait plus sur les effectifs, il n’en a pas dit un mot. Il est resté fermé plus hermétiquement que jamais. Il s’est seulement expliqué sur la question des armes et des munitions. Encore a-t-il laissé à tout le monde, par de nombreuses réticences, l’impression qu’il s’était produit de graves mécomptes dans la fabrication. Il a refusé d’indiquer le nombre de coups qui restaient en réserve. Son mutisme a déconcerté toute la commission. Je sais bien que Millerand se défie beaucoup d’un ou deux commissaires, dont il redoute des indiscrétions coupables. Mais il devrait alors renseigner individuellement les membres dont il est sûr et ne pas opposer à tous indistinctement ce silence têtu qui donne lieu aux suppositions les plus malveillantes. C’est ce que je dis à Viviani et à Millerand lui-même.

Pour me rendre exactement compte des demandes de la commission sénatoriale et des objections du général en chef, j’ai, du reste, prié le ministre de me faire connaître par écrit la situation des effectifs à la date du 1er février. L’ensemble des troupes combattantes et des services, des dépôts et des G. V. C. (gardes des voies de communication ) stationnés dans la zone des armées, est de 56 020 officiers et de 2 417 600 hommes. Il y a, en outre, à l’intérieur, 35 979 hommes dans les camps d’instruction et 95 327 dans les camps d’instruction temporaires. Quant aux dépôts