Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 9, 1932.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pendant que ces graves préoccupations nous assaillent, le Cabinet est travaillé par de petites ambitions intérieures. Thierry voudrait ne plus être sous-secrétaire d’État, mais devenir ministre. Denys Cochin, qui a été choisi pour représenter la droite dans le ministère, trouve, non sans raison, que chaque grand parti devrait avoir un portefeuille. Or, Cochin est ministre du blocus sans administration et sans personnel. Il désirerait être nommé de préférence sous-secrétaire d’État au ministère des Affaires étrangères, tout en restant chargé des questions relatives au blocus. Briand s’efforce de donner satisfaction aux désirs de ses collègues. Il apporte toute son habileté à ce jeu de combinaisons et y réussit. Mais les difficultés lui viennent alors des députés ou des sénateurs qui voudraient, à leur tour, trouver place dans le Cabinet, ou même de ceux qui, sans rien convoiter, expriment des idées contraires à celles du président du Conseil. Maginot, par exemple, ne souhaite rien pour lui. Il donne tous les jours des preuves de courage personnel et ne se mêle pas aux entreprises parlementaires. Mais il est, en ce moment, assez mécontent du gouvernement, qu’il accuse de faiblesse, et même du commandement, auquel il reproche ses hésitations. Il devient pessimiste et finit par redouter une paix boiteuse. Il voudrait, dit-il, que pour récompenser Joffre de ses services et pour rendre libre la place de général en chef, on rétablît la dignité de maréchal et qu’on l’attribuât à Joffre. Maginot trouve qu’on pourrait nommer général en chef Nivelle, dont il admire la conduite à Verdun.

Le Conseil revient plusieurs fois en novembre sur l’incorporation de la classe 1917. Le G. Q. G. insiste beaucoup pour qu’elle soit envoyée dès maintenant aux armées. Le Conseil, au contraire,