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COMMENT FUT DECLAREE LA GUERRE DE 1914

d’État britannique a félicité et remercié M. Sazonoff d’avoir repris des discussions avec l’Autriche. Grey a, d’autre part, déclaré au prince Lichnowsky que, si l’Autriche ne limitait pas son avance en territoire serbe, il ne voyait pas comment on pourrait demander à la Russie de suspendre ses préparatifs militaires.

Dans une autre note, apportée par sir Francis au ministère vers midi et demi, est signalée une démarche que le prince Lichnowsky a faite auprès de sir Edward Grey. Le gouvernement allemand se déclare prêt à intervenir enfin auprès du gouvernement austro-hongrois, mais seulement après la prise de Belgrade et l’occupation des régions voisines de la frontière. Il demandera alors à Vienne que l’armée autrichienne n’avance pas davantage. De leur côté, propose-t-il, les Puissances tâcheraient d’obtenir que la Serbie donnât des « satisfactions suffisantes » à l’Autriche. Le territoire occupé serait évacué ensuite, lorsque l’Autriche aurait reçu ces « satisfactions suffisantes ». Que signifie, au juste, ce pléonasme ? Et pourquoi laisser l’Autriche se remplir, d’abord, les mains et occuper une partie de la Serbie ? L’Allemagne ne l’explique pas. Mais sir Ed. Grey a raison de ne pas récriminer. Il prend les choses où elles sont. Il espère même, dit-il, que, si l’Autriche arrête son avance, M. Sazonoff consentira à remanier la formule que la Russie a proposée au sujet de la souveraineté serbe. Immédiatement, M. Viviani, d’accord avec moi, se rallie à la nouvelle idée de sir Ed. Grey et il prie M. Paléologue d’insister auprès de M. Sazonoff pour que le gouvernement russe donne sans retard son adhésion à la proposition britannique. Le télégramme, assez long à chiffrer, part de Paris à dix-sept heures, avec le contenu de la note anglaise. M. Viviani n’a pas encore, à ce moment, reçu de Pétersbourg avis de la mobilisation générale, mais c’est l’heure même où M. de Schœn vient l’interroger sur notre neutralité.

Comme pour justifier nos efforts et ceux de sir Ed. Grey, voici que, dans la soirée, une nouvelle lueur d’espoir brille dans la direction de Saint-Pétersbourg : Pétersbourg, 31 juillet 1914, 18 h. 43. Reçu 22 h. 50. L’ambassadeur d’Allemagne vient de demander audience à l’Empereur. Il a laissé entendre à M. Sazonoff que l’Autriche pourrait encore consentir à soumettre aux Puissances son différend avec la Serbie. Le Tsar a mandé immédiatement le comte de Pourtalés à Peterhof. Signé : Paléologue.

Pétersbourg, le 31 juillet 1914, 19 h. 31, reçu 1er  août, 5 h. 15 matin. L’empereur Guillaume a télégraphié ce matin à l’empereur Nicolas pour lui garantir les dispositions conciliantes de l’Autriche, si la Russie cesse ses préparatifs militaires. C’est afin de confirmer ce télégramme que l’ambassadeur d’Allemagne a demandé audience au Tsar. Après avoir reçu le comte de Pourtalès, l’empereur Nicolas a télégraphié à l’empereur Guillaume pour le remercier de son interven-