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CHAPITRE IV


PARIS NOUS RAPPELLE. — NOUS DÉCIDONS DE NE PAS NOUS ARRÊTER À COPENHAGUE. — TOUJOURS EN MER. — NOUVELLES CONFUSIONS DANS LES BRUITS DE LA TERRE. — DÉCLARATION DE GUERRE DE L’AUTRICHE À LA SERBIE ET BOMBARDEMENT DE BELGRADE. — DÉBARQUEMENT À DUNKERQUE. — RENTRÉE À PARIS. — RÉUNION DU CONSEIL DES MINISTRES. — VISITE DE M. DE SCHŒN À M. VIVIANI.


Lundi 27 juillet. — Les télégrammes de Paris arrivés cette nuit, si informes qu’ils soient encore, expriment clairement de l’inquiétude et de l’impatience. On voudrait que nous fussions déjà de retour. M. Bienvenu-Martin nous fait savoir que c’est le vœu unanime des ministres présents. M. Abel Ferry télégraphie, de son côté, que l’opinion et la presse commencent à nous reprocher de poursuivre notre voyage en un moment aussi critique.

Quelque pénible que soit un manquement à la parole donnée, je me sens obligé de renoncer aux visites promises. Nous ne pouvons rester sourds à l’appel de nos compatriotes. D’un commun accord, M. Viviani et moi, nous prenons le parti de rentrer directement en France. Cette décision aussitôt arrêtée, nous prévenons par sans-fil le Quai d’Orsay, ainsi que les ministres de France en Danemark et en Norvège. Aux rois des deux pays, je télégraphie que la gravité des événements me fait un devoir impérieux de rentrer promptement à Paris et je leur présente des excuses qui ne vont pas sans quelque embarras.

Avant sept heures du matin, ordre est donné au Lavoisier et aux torpilleurs de faire route sur Copenhague pour y charbonner et de rallier Dunkerque le plus tôt possible. De forts grains de pluie bouchent l’horizon. Un croiseur allemand, paraissant venir de Kiel et traversant la