Page:Poincaré - Leçons sur les hypothèses cosmogoniques, 1911.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
250
hypothèses cosmogoniques

qu’on l’a observé pour la Nova Persei qui est apparue en février 1901 dans la constellation de Persée.

La rotation extrêmement violente de la masse centrale des deux étoiles fusionnées produit une force centrifuge considérable qui transformera cette masse tournante en une sorte de disque aplati, présentant des formes spiraloïdes : ce serait l’origine des nébuleuses spirales[1].

La nébuleuse ainsi formée recevra le bombardement des corpuscules qui sillonnent l’espace : chacune de ces particules deviendra un centre d’attraction qui se nourrira aux dépens des gaz de la nébuleuse : ainsi se formeraient les météorites à l’intérieur de la nébuleuse,

Mais les nébuleuses peuvent faire des captures bien plus importantes : elles peuvent capter de petits soleils. Un petit soleil arrivant dans la nébuleuse attire à lui les météorites déjà formées et accroît ainsi sa masse. C’est de cette façon que les nébuleuses se transforment en amas d’étoiles. Les diverses étoiles d’un même amas seraient donc originellement étrangères l’une à l’autre : elles auraient seulement été retenues par la même nébuleuse qui les aurait arrêtées, de même qu’une toile d’araignée arrête les mouches qui essaient de la traverser. La Voie lactée elle-même pourrait avoir cette origine. Ses soleils auraient été captés par une nébuleuse gazeuse provenant d’une énorme Nova, et leur ensemble reproduirait la forme spirale de cette nébuleuse gazeuse, aujourd’hui disparue.

Chaque soleil de l’amas suivra ensuite l’évolution habituelle des étoiles : d’étoile gazeuse il deviendra étoile protométallique, puis métallique, puis étoile à spectre de bandes, sa température allant constamment en diminuant. Nous arrivons ainsi au soleil refroidi, encroûté.

M. Arrhenius admet donc que, de tout temps, le Monde a suivi cette évolution alternante, les nébuleuses étant engendrées par les soleils, les soleils étant à leur tour formés dans les nébuleuses. Le cycle de cette évolution est le suivant : étoile nouvelle, nébuleuse spirale, amas

  1. Les nébuleuses spirales présentent en général plutôt un spectre continu qu’un spectre du gaz. C’est pourquoi beaucoup d’astronomes les considèrent comme des voies lactées extrêmement lointaines que leur grand éloignement a seul empêché jusqu’ici de résoudre en étoiles. Ce n’est pas l’opinion de M. Arrhenius qui pense que, dans les nébuleuses spirales, les couches extérieures qui masquent le corps central sont extrêmement raréfiées et ne parviennent pas à cacher le spectre des poussières incandescentes des couches profondes.