Page:Poincaré - Leçons sur les hypothèses cosmogoniques, 1911.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
260
hypothèses cosmogoniques

L’observation montre que la vitesse propre moyenne des étoiles voisines de nous est du même ordre que la vitesse de la Terre sur son orbite. L’équation précédente donne donc, pour l’ordre de grandeur du rayon de la Voie lactée[1],

unités astronomiques,

soit environ 1 000 fois la distance qui nous sépare des étoiles les plus rapprochées. Le nombre total des étoiles de la Voie lactée serait alors environ de 1 0003, soit 1 milliard.

Il est intéressant de constater que ce chiffre concorde à peu près avec les évaluations que l’on a pu déduire des observations au télescope et qui ont conduit à admettre l’existence de 200 millions d’étoiles : au point de vue qui nous occupe, 200 millions et 1 milliard ne doivent pas être regardés comme deux chiffres différents, puisqu’ils sont du même ordre de grandeur.

Certains ailleurs ont prétendu que nos télescopes ne percent pas entièrement la Voie lactée et que, s’ils avaient une portée beaucoup plus grande, ils nous découvriraient beaucoup d’étoiles que nous ne voyons pas. Les considérations que nous venons de développer sont plutôt contraires à cette supposition, puisque le nombre des étoiles brillantes que l’on a « comptées » concorde avec le nombre qui a été « calculé ».

De même, ne pourrait-on pas supposer que le nombre des étoiles obscures est beaucoup plus grand que celui des étoiles brillantes ? La même raison nous invite à croire que non. Si désigne le rapport du nombre total des étoiles (tant obscures que brillantes) au nombre des étoiles brillantes, la densité qui nous a servi à calculer devra être multiplié par devra donc être multiplié par et par Nous aurions donc

Le nombre total des étoiles est de l’ordre de puisque est la distance de deux étoiles voisines. Nous écrivons donc approxi-

  1. Nous parlons du rayon de la Voie lactée comme si cette nébuleuse était sphérique ; or, elle a plutôt la forme d’un disque aplati ; représentera sans doute une longueur intermédiaire entre l’épaisseur du disque et son rayon.