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hypothèses cosmogoniques

26.Cette faiblesse de l’influence du frottement, quand il s’agit de grands volumes fluides, nous conduit à rechercher s’il ne serait pas possible d’abandonner l’hypothèse d’une rotation uniforme de la nébuleuse, et à étudier les diverses hypothèses que l’on pourrait faire sur la distribution des vitesses angulaires. Cette question présente beaucoup d’analogie avec le problème suivant : Quelle sera, dans une atmosphère (par exemple l’atmosphère terrestre), la distribution stationnaire des températures ? On pourrait dire, d’une part, que si la température initiale de l’atmosphère n’est pas uniforme, elle le deviendra bientôt par suite de la conductibilité : l’état d’équilibre des températures de l’atmosphère serait donc l’état isotherme. On pourrait penser, d’autre part, supposant la conductibilité négligeable, que les mouvements internes de l’atmosphère et les brassages qui s’y produisent finiront par déterminer, pour les températures, l’état d’équilibre dit adiabatique.

L’observation montre que dans les couches les plus basses de l’atmosphère, jusqu’à 10 kilomètres environ, on suit la loi adiabatique parce que ces couches sont brassées constamment par les grandes perturbations et les cyclones. Plus haut, on retrouve la loi isothermique ; plus haut encore, on ne sait rien. Quoique ni l’un ni l’autre Figure 7
fig.7.
des deux états ne soit effectivement réalisé par l’atmosphère, nous pouvons essayer d’étendre ces considérations à la distribution des rotations dans une masse fluide tournant autour d’un axe de révolution (fig. 7). Décomposons par la pensée la masse fluide en une infinité d’anneaux très déliés, tels que AA′, tournant indépendamment autour de Chaque anneau possédera une vitesse angulaire , et