Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/27

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s’il n’y avait que des individus et pas d’espèce et si l’hérédité ne faisait pas les fils semblables aux pères.

Quels sont donc les faits qui ont chance de se renouveler ? Ce sont d’abord les faits simples. Il est clair que dans un fait complexe, mille circonstances sont réunies par hasard, et qu’un hasard bien moins vraisemblable encore pourrait seul les réunir de nouveau. Mais y a-t-il des faits simples et, s’il y en a, comment les reconnaître ? Qui nous dit que ce que nous croyons simple ne recouvre pas une effroyable complexité ? Tout ce que nous pouvons dire, c’est que nous devons préférer les faits qui paraissent simples à ceux où notre œil grossier discerne des éléments dissemblables. Et alors, de deux choses l’une, ou bien cette simplicité est réelle, ou bien les éléments sont assez intimement mélangés pour ne pouvoir être distingués. Dans le premier cas, nous avons chance de rencontrer de nouveau ce même fait simple, soit dans toute sa pureté, soit entrant lui-même comme élément dans un ensemble complexe. Dans le second cas, ce mélange intime a également plus de chance de se reproduire qu’un assemblage hétérogène : le hasard sait mélanger, il ne sait pas démêler, et pour faire avec des éléments multiples un édifice bien ordonné dans lequel on distingue quelque chose, il faut le faire exprès. Il y a donc peu de chance pour qu’un assemblage où on distingue quelque chose se