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Page:Poincaré - Science et méthode (Édition définitive).djvu/29

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raison, puisque les cellules, appartenant aux organismes les plus divers, sont plus semblables entre elles, pour qui sait reconnaître leurs ressemblances, que ne le sont ces organismes eux-mêmes. Le Sociologiste est plus embarrassé ; les éléments, qui pour lui sont les hommes, sont trop dissemblables, trop variables, trop capricieux, trop complexes eux-mêmes en un mot ; aussi, l’histoire ne recommence pas ; comment alors choisir le fait intéressant qui est celui qui recommence ; la méthode, c’est précisément le choix des faits, il faut donc se préoccuper d’abord d’imaginer une méthode, et on en a imaginé beaucoup, parce qu’aucune ne s’imposait ; chaque thèse de sociologie propose une méthode nouvelle que d’ailleurs le nouveau docteur se garde bien d’appliquer, de sorte que la sociologie est la science qui possède le plus de méthodes et le moins de résultats.

C’est donc par les faits réguliers qu’il convient de commencer ; mais dès que la règle est bien établie, dès qu’elle est hors de doute, les faits qui y sont pleinement conformes sont bientôt sans intérêt, puisqu’ils ne nous apprennent plus rien de nouveau. C’est alors l’exception qui devient importante. On cessera de rechercher les ressemblances pour s’attacher avant tout aux différences, et parmi les différences on choisira d’abord les plus accentuées, non seulement parce qu’elles seront les plus frappantes, mais parce qu’elles seront les plus instructives.