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VIII
une imprudence

Le lendemain, Jean La Ronde fut sur pied dès la première heure. Le souvenir de la scène de la veille avait fort troublé son sommeil, et il attendait avec fièvre le moment de revoir miss Elsie.

Ce moment vint enfin, et, dès qu’il fut en possession des rations, il s’achemina, le cœur battant, vers la maison des prisonniers. Il y pénétrait à peine que la jeune fille s’avança vers lui ; la veille même, elle avait instruit ses compagnons de captivité de son dessein, en sorte que le Métis put s’entretenir avec elle sans que personne parût y prendre garde ; toutefois, feignant d’user de précautions, elle ne lui permit pas de trop s’attarder et, la lettre une fois remise, il dut, après une conversation de quelques minutes, se retirer.

La journée s’écoula pour le jeune Métis dans la préoccupation d’un prétexte plausible pour quitter, Batoche, et du moyen le plus pratique à employer pour s’acquitter de sa mission.

En même temps que la lettre, miss Elsie, qui songeait à tout, lui avait glissé un billet contenant le signalement précis du jeune officier… Malgré tout, ce n’était déjà pas chose si facile de découvrir dans une colonne de mille hommes un lieutenant de carabiniers « grand, mince et blond… »