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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/101

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les arpents de neige

Mais bah ! l’important était de trouver d’abord le prétexte pour quitter Batoche. Il verrait bien après…

Interrogés par lui, les éclaireurs cris et stonies lui apprirent que la colonne anglaise venait d’arriver au gué de Clark’s Crossing, à trente-trois milles au sud de Batoche, et que les dispositions prises permettaient de croire qu’elle allait s’arrêter là quelques jours. Il calcula qu’il lui faudrait cinq heures au plus sur sa bonne jument pour atteindre Clark’s Crossing, et se décida à attendre la nuit.

Vers le crépuscule, il se rendit, comme la veille, à la maison des prisonniers, et il soumit son plan à la jeune Anglaise, qui en parut fort satisfaite. Du seuil, il l’entrevit à l’intérieur qui lui souriait encore, et il en éprouva la sensation d’une caresse au cœur…

Après quelques signes rapides d’intelligence, il s’éloigna avec la résolution plus ferme que jamais de risquer pour de tels sourires sa liberté et sa vie…

Tandis qu’il regagnait le logis, l’esprit enfiévré des projets les plus divers, le jeune Bois-Brûlé ne prenait pas garde qu’une femme ou plutôt une jeune fille, attentive à ses moindres mouvements, le suivait à quelque distance. Elle portait sur sa hanche un paquet de linge qu’elle venait sans doute de laver à la rivière, car elle avait débouché du petit bois une minute à peine après les démonstrations réciproques de Jean La Ronde et de miss Clamorgan.

En avait-elle été témoin, arrêtée et dissimulée sous le couvert ? C’était probable, à en juger du