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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/185

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les arpents de neige

pathique, en général, et plus d’un Bois-Brûlé avisé déclarait sans ambages qu’il n’était que prudent de ne pas se fier à ce petit homme sec, maigre, aux yeux bigles et pourtant si perçants.

Quant à lui, tiré d’une affaire dans laquelle il n’avait vu que les sortilèges d’un « homme-médecine », son instinct de sauvage lui faisait pressentir qu’il n’était plus en sûreté à Batoche. Après son élargissement, il avait pourtant gagné la cabane en troncs de sapins, refuge ordinaire des éclaireurs indiens et Métis au retour de leurs expéditions. C’est là qu’il avait passé la nuit,

Le lendemain, de bonne heure, il alla détacher son « bronco », un petit alezan au nez busqué, aux oreilles couchées, aussi laid et aussi rébarbatif d’aspect que son maître. Comme il s’apprêtait à le seller, survinrent les messagers qui annonçaient le succès de Poundmaker sur la rivère Bataille : en quelques minutes, un certain nombre de Métis furent rassemblés en cet endroit, et l’arrivée du vieux François avec Henry de Vallonges ne fit qu’engager le Cri à hâter son départ. Tout au récit des éclaireurs assiniboines, le trappeur ne semblait pas l’avoir aperçu, mais la vue de son mortel ennemi Trim-médecine, débouchant à son tour du couvert, lui communiqua un désir si subit d’éloignement qu’il sauta sur son poney à moitié harnaché pour prendre à une bonne allure la direction opposée.

Au moment où il allait dépasser le dernier « log-hut », un homme en sortait : c’était Gabriel Dumont. En voyant la monture du sauvage à peine