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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/260

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réconciliation et prouesses

il distingua son frère étendu à terre près du cadavre d’un de ses adversaires.

Un peu plus loin, trois hommes, la carabine en arrêt, semblaient l’attendre lui-même.

— Les mains en l’air ! lui crièrent-ils en leur langue.

À cet instant suprême, le Métis, prêt au sacrifice de sa vie, n’eut qu’un regret, celui de n’avoir pu sauver le drapeau.

Il allait tenter de saisir son revolver pour mourir, du moins, l’arme au poing. Mais le Pied-Noir qui le tenait en joue ne tira pas.

Il venait de s’effondrer, et, coup sur coup, au bruit de deux autres détonations qui éclatèrent derrière eux, ses compagnons s’abattirent comme fauchés…

Et Pierre La Ronde, stupéfait, aperçut à leur place une silhouette indécise et entendit la voix de Pitre-le-Loucheux qui disait avec un accent de haine intraduisible :

— Chiens de Pieds-Noirs !… Vous ne viendrez plus me molester désormais… La chair de mes ennemis, j’en fais cadeau aux corbeaux.