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vers batoche

Ancien élève du collège de Montréal, intelligent et énergique, Louis Riel, alors âgé de vingt-six ans, protesta au nom de la justice en faveur de ses frères. Ses réclamations restant vaines, il n’hésita pas.

À sa voix, les Bois-Brûlés se soulevèrent en masse, et l’intervention de Mgr Taché, archevêque de Saint-Boniface, put seule empêcher une grave effusion de sang

De son côté, le Gouvernement, étonné d’une résistance à laquelle il ne s’attendait pas, consentit quelques garanties, et les demi-blancs déposèrent les armes.

Mais Louis Riel, pour échapper à d’implacables haines, dut s’exiler aux États-Unis.

Quinze années s’étaient écoulées depuis lors.

Lorsque Henry de Vallonges était arrivé sur les bords de la Saskatchewan, il avait pu se rendre compte qu’un nouvel orage grondait à l’horizon politique.

Riel, rappelé des États-Unis par ses concitoyens, à propos de cette brutale mainmise du Gouvernement sur la paroisse de Saint-Louis-de-Langevin, avait entamé, sans tarder, des pourparlers avec les hommes d’État de la « Puissance ».

Mais des mois passèrent sans apporter la solution désirée. S’il est exact, comme certains l’ont prétendu, qu’on ne cherchait qu’à pousser à bout les Bois-Brûlés afin de permettre à leurs adversaires de trancher la question par la force, l’expédient réussit à merveille. Irrité d’un tel mauvais vouloir, Riel s’était, en effet, résolu à