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Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/365

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les arpents de neige

céda à sa toilette. Il regretta la pauvreté de son accoutrement.

— Comme marque de respect pour la majesté de Dieu, dit-il, j’aurais pourtant aimé à être mieux vêtu pour aller à la mort.

Cependant, le jour s’était levé, un jour frissonnant de novembre…

Un peu avant 8 heures, le shérif entra.

— Allons ! fit le condamné.

Un instant après, il montait sur l’échafaud d’un pas ferme et résolu.

Le P. André l’y avait suivi. Le Bois-Brûlé s’agenouilla pour écouter les prières des agonisants. Mais les prières étaient terminées depuis un moment que Riel demeurait toujours là à genoux, les yeux levés au ciel, comme en extase…

Un grand silence régnait…

Le shérif s’avança enfin et lui toucha légèrement l’épaule. Le Métis parut s’éveiller. Il regarda autour de lui d’un œil étonné, puis, apercevant le P. André, il se souvint et sourit…

— Du courage, Riel, lui dit le religieux.

— J’en ai, mon Père ! Je crois en Dieu !

Il s’approcha de l’exécuteur et tendit la tête au nœud coulant.

On l’entendit murmurer :

— Jésus ! ayez pitié de moi.

À ce moment, le shérif s’avançait :

— Louis Riel, avez-vous quelque raison à faire valoir contre la sentence de la Cour ?

Une seconde, il parut interloqué. Mais, sur un signe du P. André :