Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
les arpents de neige

— Pardonnez-moi, fit-il ; je suis un étourdi. C’est ce rayon de soleil qui en est cause.

Pendant un long moment, ils gardèrent le silence. Ce fut le grand blond presque imberbe qui, le premier, reprit la parole :

— Il ne faut pas m’en vouloir, Charlie, d’avoir montré un peu d’humeur tout à l’heure. Mais je me sens chaque jour plus inquiet, voyez-vous, depuis que les Indiens se sont soulevés. Je songe précisément à miss Elsie et à son père…

— Vous m’avez déjà parlé de cela une dizaine de fois, Simpson, depuis notre départ de Qu’Appelle. Mais une dizaine de fois aussi je vous ai répondu que la police montée était faite pour protéger les fermes et mettre les Indiens à la raison… Et puis, si votre futur beau-père voit un danger les menacer lui et sa fille, il aura bien l’esprit, je suppose, de gagner le Fort-Pitt, qui n’est pas très loin de son établissement.

— Voilà justement votre erreur ! riposta l’autre avec force. Hughes Clamorgan est de la dernière imprudence. Son mépris pour les alliés des demi-blancs est sans égal. Et puis, il a une confiance exagérée, comme vous-même, dans la police montée… Ah ! si je pouvais seulement lui écrire pour lui persuader…

— Écoutez, Edward, interrompit Charlie. S’il m’est impossible de vous administrer le repos d’esprit comme une potion, je puis, du moins, vous donner un conseil.

— Lequel ?

— Voici. Il y a une heure, une demi-douzaine