Page:Poirier - Les arpents de neige, 1909.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
vers batoche

Et l’Orcadien, lui tendant un papier plié en quatre, ajouta :

— Je n’ai trouvé que cela… dans la cour.

À la lueur du falot accroché à l’un des chariots, Edward déplia la feuille de ses doigts tremblants. Elle ne contenait que trois ou quatre lignes, mais les mots papillonnaient devant ses yeux troublés.

— Lisez, dit-il d’une voix sourde à Went, qui l’avait suivi.

Et Charlie lut :

« Miss Clamorgan, les Cris sont sur le point de surprendre le village de Frog-Lake. Vous êtes sur le chemin de Frog-Lake au Fort-Pitt. Fuyez au plus vite. »

Il n’y avait pas de signature.

— Mais alors, s’écria Simpson, un espoir dans les yeux et dans la voix, mais alors, ils sont en sûreté au Fort-Pitt !

Implacablement l’Orcadien, de son ton toujours égal, annonça :

— Il n’y a plus de Fort-Pitt, sir. Je viens justement d’aviser le major général que les Indiens l’ont brûlé ces jours-ci…

Cette fois, il sembla à Edward Simpson qu’il venait de recevoir un coup de massue sur la tête.

Blême, anéanti, il se laissa tomber sur un timon de chariot, les coudes aux genoux et la face dans les mains…