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les arpents de neige

— Sur la rivière Du Pas !

— Tout comme j’te le dis… et montée par deux Anglouais encore…

En quelques mots, Joseph Lacroix mit le jeune Bois-Brûlé stupéfait au courant de l’aventure. Il ajouta qu’il venait d’arriver à Batoche et qu’il avait immédiatement fait enfermer ses deux prisonniers sous bonne garde en attendant les résultats de son enquête. Pour le moment, il était à la recherche de Jean La Ronde.

Sous un prétexte quelconque, Pierre s’excusa de ne pouvoir accompagner le Bois-Brûlé, mais il lui indiqua l’endroit où il avait des chances de retrouver le propriétaire de la jument alezane.

Lacroix s’éloigna avec les deux chevaux dans la direction indiquée, non sans avoir formellement promis à son camarade de venir lui rendre compte du résultat de la démarche qu’il allait tenter. Comme Jean ne se trouvait plus à l’endroit où son père et son frère aîné l’avaient laissé un instant auparavant, le chef des éclaireurs alla frapper, à tout hasard, à la porte des La Ronde. Ce fut justement le cadet qui vint ouvrir.

À la vue de sa jument, il eut un sursaut. D’un ton brusque qui révélait son émotion, il s’écria :

— Où l’as-tu trouvée ?

— Mâtin, t’es pressé, répondit Lacroix avec une surprise nuancée d’ironie. Patience donc et laisse-moi le temps de m’expliquer.

Rapidement, il reprit le récit qu’il avait fait à l’aîné quelques minutes auparavant.

Le jeune Métis en entendit les premiers mots le cœur étreint d’une sorte d’angoisse. Mais, quand