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vi
préface

en est encore trop vif, pour qu’un Canadien français puisse, sans ranimer certaines polémiques et des haines presque éteintes, prendre pour cadre d’un roman les événements de 1885.

Mais un écrivain de France, pour qui l’espace éloigne davantage ces événements, pouvait le faire. Et il est heureux qu’il s’en soit trouvé un pour l’entreprendre.

M. Poirier a placé au milieu du drame historique, et mêlé à ce drame, l’histoire intime et tragique d’une famille de métis français. Ce n’est pas un prétexte pour parler de Riel, de Gabriel Dumont, de Gros-Ours, et des autres chefs, et pour raconter la révolte et son dénouement ; c’est une trame liée naturellement au fait historique, et qui lui emprunte, sans le défigurer, ses principaux ressorts.

Ai-je besoin de dire que ce roman excitera chez nous le plus vif intérêt ? Sans doute, la scène ne se passe pas dans notre vieille province, nous ne sommes pas les acteurs du drame, et les mœurs décrites ne sont pas les nôtres. Mais les Canadiens français se sont trop passionnés de la cause des Métis, pour que ce livre ne leur plaise pas singulièrement. L’auteur, cependant, a eu soin de respecter l’histoire ; bien que sa sympathie soit franchement marquée, il ne prend pas plus de libertés qu’il n’est permis à un romancier.