Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/107

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républicaine. Il n’est pas courtois de répondre à la Libre-Pensée par le cantique du Saint-Esprit. Vous verrez ce que dira Trouillard de cet incident regrettable, dans Le Réveil démocratique.

Le landau nuptial était déjà sur la route du Neubourg, suivi de près par le tilbury des frères Soutardier. Derrière, la cohue des carrioles et cabriolets.

Les chevaux hennissaient, piaffaient, mis en belle humeur par une radieuse matinée de printemps.

Seul, Trouillard avait pour le traîner ainsi que sa famille composée de son épouse et de la fille issue de cette union déjà ancienne, un phaéton antique dont le siège postérieur portait habituellement une espèee de coffre de commis-voyageur déboulonné pour la circonstance.

Ce genre de voiture n’est pas l’affaire des villageois. C’est lourd, d’équilibre instable, et les roues n’ont pas la voie. Il est presque impossible d’aller avec dans les chemins à ornières.

Le bijoutier avait laissé derrière ses adeptes de la Libre-Pensée, les époux Giraud et l’aîné de leurs marmots, tous incommodément assis sur un coussin de drap bleu passé qui avait dû servir pendant sa longue existence à d’innombrables véhicules, briskas, calèches, victorias, tilburys, peut-être même carrioles et finalement phaéton. Quand il était trop court, cela importait peu, et lorsqu’il semblait un peu long pour le siège auquel on l’adaptait, on se contentait de replier ses extrémités.

Dans le feu de la discussion le docteur avait presque oublié la noce et, lorsqu’il se souvint, la file des voitures avait pris une avance d’au moins cinq cents mètres.

Il dut, à son grand regret, appliquer quelques solides coups de fouet sur la croupe de son vieux cheval qu’il avait appelé, on ne sut jamais pour quelle raison, Putiphar.

Le cabriolet médical, troublé dans ses œuvres vives, gémit lamentablement tandis que ses ressorts et attaches métalliques sonnaient comme les anneaux rouillés d’une vieille chaîne.

Le greffier Beaugoujat, à moitié rassuré, dit :

— Est-il solide ?