Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/109

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Donc il se plaça commodément sur le côté de la route, près d’un talus sur lequel l’herbe commençait à pointer, et se mit tranquillement à brouter sans se soucier aucunement de la sueur qui tachait ses flancs.

Giraud et le père Mathieu, qui surveillaient le demi-sang des Soutardier et la Grise du patron, dirent simultanément :

— Hein ! connaît-il son affaire le vieux Putiphar.

Les autres invités avaient simplement attaché l’une des roues de leurs voitures respectives avec une chaîne spécialement consacrée à cet usage.

La cérémonie civile terminée, le cortège précédé par les nouveaux conjoints, style judiciaire, s’achemina vers la petite église, simple construction en pierres gélives, sorte de grange énorme surmontée d’un clocher minuscule, en forme d’éteignoir, contexture qu’on aimait jadis à donner en Normandie aux beffrois champêtres.

Dans les murs de petites ouvertures ogivales closes par des verres incolores entourés par une bordure de carreaux rouges et bleus.

Seules les ouvertures du chœur présentaient deux vitraux extrêmement communs, offerts par un vicomte de Courtembray, depuis longtemps disparu de cette terre de douleurs, suivant la belle expression que sortait chaque année monsieur le curé de Bray.

Quelques lierres audacieux escaladaient les contreforts de l’édifice, succession de cubes de pierre gélive dont le dernier était taillé en toit.

La couverture de l’église et du clocher était en ardoise et en bois de chêne d’âge inconnu. Les champignons croissaient sur la charpente et la mousse jaune sur la face externe et terne de la toiture.

Cette bonne vieille église, outre celle des vivants, faisait la joie des moineaux, des hiboux et des chouettes.

Beaugoujat, qui cheminait le bras sur celui du bijoutier Trouillard, s’arrêta soudain et s’écria dans la langue des dieux, car il était poète à ses heures, poète même très estimé à Broglie :