Page:Poirier de Narçay - La Bossue.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cela avait la puissance des légendes religieuses sur les imaginations simples. On applaudit à tout rompre. Le fermier dodelinait de la tête en battant la mesure sur son verre mélancoliquement vide. Et Beaugoujat reprit :

De notre vieille ville
Les ris étaient proscrits,
Mais ils ont un asile
Chez les époux chéris ;
Eh mais, oui-dà !
Comment peut-on trouver du mal à çà !


Le bon jus de la pomme
À tous grise l’esprit
Et c’est l’Amour, en somme.
Qui se lève et sourit.
Eh mais, oui-dà !
Comment peut-on trouver du mal à ça ?


Pour chanter cette fête.
Pourquoi le blond Phœbus
Ne met-il dans ma tête
Quelques rimes de plus.
Eh mais, oui-dà !
Comment peut-on trouver du mal à ça ?


Le greffier eut une ovation.

— C’est très sentimental, très convenable, disait madame Beauvoisin.

— Ce n’est peut-être pas très littéraire, expliquait Beaugoujat, les règles prosodiques n’y sont peut-être pas très observées, mais c’est naïf, simple.

— Veux-tu te taire, imbécile, hurlait Trouillard. Tu crois peut-être, ô illusion ! que tu parles devant l’illustre auditoire du cercle de la…

— Pas de politique, horloger du diable, interrompit Jean Soutardier.

Mais Beaugoujat n’avait retenu que le mot imbécile, et