Page:Polignac - Poésies magyares, Ollendorff, 1896.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

POÉSIES DE JEAN ARANY



J’AI DÉPOSÉ MON LUTH


 
J’ai déposé mon luth, qu’il se repose enfin !
N’attendez plus de moi de chants ni de poèmes,
Je ne suis plus, hélas ! ce que j’étais jadis
Car j’ai déjà perdu le meilleur de mon âme[1],
Le feu ne brûle plus, il n’a plus d’étincelles,
Et sa flamme n’est plus que de l’arbre brûlé,
Où es-tu ? Qu’es-tu devenue,
Douce jeunesse de mon âme !

Un autre firmament me donnait ses sourires,
Et la terre marchait en manteau de velours
Et l’oiseau gazouillait en chacun des buissons
Quand ses lèvres en chantant commençaient à s’ouvrir…
Le frais zéphyr du soir était plus embaumé
Et les fleurs dans les champs semblaient plus colorées…
Où es-tu ? Qu’es-tu devenue
Douce jeunesse de mon âme !

  1. Petöfi, son ami, mort sur le champ de bataille.