Page:Polignac - Poésies magyares, Ollendorff, 1896.djvu/64

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Ce n’est pas seul ainsi qu’autrefois je chantais !
Ensemble nous pressions les cordes,
Et nos regards amis, avec souci de l’art,
Suivaient les doigts sur l’instrument.
Mon âme s’embrasait aux feux de ses transports
Toutes ces flammes s’unissaient.
Où es-tu ? Qu’es-tu devenue
Douce jeunesse de mon âme !

Oui, nous avons chanté l’espoir en l’avenir,
Et nous avons versé des pleurs sur le Passé.
Nous avons fait briller l’auréole de gloire
Sur le peuple et sur la patrie.
Et, chacun de nos chants s’ajoutait au feuillage
De sa couronne de lauriers.
Où es-tu ? Qu’es-tu devenue
Douce jeunesse de mon âme !

Nous avons espéré que sur notre cercueil
La renommée viendrait, un jour, s’asseoir,
Nous rêvions que la Patrie, la race
Vivant dans l’avenir, se souviendrait de nous,
Nous croyions, vain espoir ! que nos lauriers gagnés
Un de nos descendants pourrait nous les donner…
Où es-tu ? Qu’es-tu devenue
Douce jeunesse de mon âme !

Qu’es-tu donc, maintenant, ô chant abandonné ?
Peut-être seulement l’âme des chants passés