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Page:Polonius - Poésies, 1827.djvu/112

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Qu’ils sont beaux ces moments d’une double existence,
Où, certain de lui-même, et fier de sa puissance,
Son cœur suffit à peine à ses bouillants transports,
Comme un vase trop plein dont l’eau fraîchit les bords ;
Où lacs, rochers muets, forêts, vallons, rivages,
Tout vit, tout se revêt de pensers et d’images ;
Où la nature entière, aux feux de son amour,
Se féconde, s’anime, et l’anime à son tour !

Comme le créateur, même avant leur naissance,
Entrevoyait au loin les mondes à venir,
Tel, avant que le chant de ses lèvres s’élance,
Du fond de sa pensée il voit déjà sortir
Les mondes que sa lyre appelle à l’existence.

De la terre de gloire où volent ses désirs,
A l’horizon brillant se déroulent les scènes ;
Il entend des concerts de louanges humaines,
Et son nom, noble écho d’éternels souvenirs,
      Répété par des voix lointaines
      Dans l’avenir des avenirs !…