Page:Polonius - Poésies, 1827.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais pourquoi d’un présage sombre
Effrayer ton cœur enfantin ?
Que sert-il de voiler d’une ombre
Le beau soleil de ton matin ?
Qui voudrait troubler l’hirondelle,
Quand, rasant l’écume des eaux,
Sur le lac, à l’aube nouvelle,
Elle joue, en battant de l’aile,
Avec les rayons et les flots ?
Jouis, jouis dans l’ignorance,
D’une erreur qui va s’envoler ;
Ris à ce monde qui t’encense ;
La rose est faite pour briller.
Ah ! puisses-tu ne pas, comme elle,
Quand du roc qui la vit fleurir
Une main avide et cruelle
Vient l’arracher et la flétrir,
Dire un jour avec un soupir :
« Malheur, malheur à qui naît belle ! »