Page:Polonius - Poésies, 1827.djvu/37

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Qui partagea tes maux ? qui recueillit tes larmes ?
Quand tous les cœurs fuyaient, qui t’apporta son cœur ?
De toi seule occupe, qui respecta tes charmes,
Quand le temps, quand le sort, tout lui donnait des armes,
Pour dompter tes refus et vaincre ta pudeur ?

Ton souffle me touchait : sa chaleur enivrante
M’embrasait, m’agitait de désirs frémissants ;
Et de tes yeux en pleurs chaque goutte brûlante
Tombant, tombant sur moi comme une lave ardente,
Semblait d’un feu subtil inonder tous mes sens.

Ah ! si, de mes désirs suivant l’impatience,
J’avais livré mon âme à leur essor sans frein,
Pouvais-tu de l’Amour repousser la puissance ?
Pouvais-tu résister, quand la reconnaissance
Venait plaider pour lui dans le fond de ton sein ?

Sous le fardeau du sort tu restais abattue ;
Tu ne combattais plus : tu cédais au malheur.