Page:Polonius - Poésies, 1827.djvu/38

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Je te voyais sans force à mes pieds étendue,
Pareille à la colombe, aveuglée, éperdue,
Qu’un éclair fait tomber aux pieds de l’oiseleur.

Mais honte à qui reçoit de la beauté qu’il aime
Un don qu’elle abandonne et livre sans transport !
Quoique ce don pour moi fût le bonheur suprême,
Je voulais le devoir à toi, rien qu’à toi-même ;
Mon cœur était trop fier pour l’accepter du sort.

En vain tout s’unissait pour servir ma tendresse ;
En vain mes sens émus me criaient : « Sois heureux ! »
Mon orgueil te sauva de ta propre faiblesse ;
J’arrêtai de mon sang l’impétueuse ivresse ;
J’étouffai sous ma main ses battements affreux.

Tu ne les as pas vus, tu n’as pu les connaître,
Ces combats, ces tourments, sans témoins et sans bruit !
Ils sont morts dans mon sein, morts sans oser paraître,