Il se peut : l’homme est faible, et son âme incertaine,
Essayant vers le ciel d’inutiles efforts,
Trop souvent cède au poids de l’invisible chaîne
Qui la livre, ici-bas, aux vils penchants du corps.
Trop souvent, dans les nuits, lorsqu’une vaine image
D’un fantôme d’amour abusait mon sommeil,
J’ai frémi de n’avoir embrassé qu’un nuage ;
Et, nouvel Ixion, j’ai maudit mon réveil.
Eh bien ! reste donc loin des bords où je respire !
Que béni soit le sort qui te cache à mes yeux,
Puisqu’il sauve mon cœur et l’arrache à l’empire
Qu’exerceraient sur lui des sens tumultueux !
Que l’abîme entre nous roule ses flots sans nombre,
Que le temps, pour jamais, te sépare de moi,
S’il est vrai que le temps eût pu mêler une ombre
Au sentiment si pur que j’ai conçu pour toi !
Hélas ! il a péri presque avant que d’éclore ;
Je te vis, je t’aimai, je te perdis soudain.
Page:Polonius - Poésies, 1827.djvu/75
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