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Ô mes flots bleus, berceau de mon adolescence,
J’invoquerais encor votre rude éloquence
Et votre chant du soir quand le ciel s’étoilait.

Minez ces rocs ! chantez, mes vagues bien-aimées !
À moi l’acre senteur des algues embaumées.
À moi la grande mer ! à moi cet horizon,
Où mon âme de feu cent fois s’est élancée
Sur les pas des vaisseaux que suivait ma pensée :
Où je voyais surgir votre blanche toison !

À moi le beau tableau de la plage marine,
Où je sentais mon cœur grandir dans ma poitrine,
Où de Dieu l’océan me traduisait l’appel !
À moi notre ciel pur, nos étoiles si belles !
À moi la mer immense et ses îlots rebelles
Déchirés par l’éclair comme par un scalpel !

Mais je vois des pêcheurs qui regagnent leurs huttes.
La mouette décrit d’inégales volutes
En fuyant dans les airs. C’est le soir. Tout s’endort.
Les flots chantent en chœur, et leur murmure est vague
Comme le bruit des bois qu’un vent d’automne élague ;
Ils s’adressent ensemble au noir rocher du bord.