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chœur des flots


Majestueuse masse, aux flancs nus, au front large,
Combien as-tu bravé de ces noirs ouragans
Dont les clameurs pour nous semblent sonner la charge,
Et dont le vent nous range en longs escadrons blancs ?

Salut, ô notre roi ! Quand durant la tempête
La mer mugit et s’enfle, et le ciel se brunit,
D’un bond rapide et sur nous volons sur ta tête,
Et nous la couronnons d’écume et de granit.

Souvent ce diadème, aussi blanc que l’albâtre,
Semble un casque géant couvrant un noir guerrier ;
Et l’on dirait alors que, seul, tu vas combattre
Les cieux, les mers, la foudre et l’univers entier.

Parfois, rendant soudain l’illusion complète,
L’aigle au regard farouche, au maintien arrogant,
En guise de cimier sur ce casque d’athlète
Se pose, et l’on dirait le formidable Argant.

Nous t’aimons, sombre roc. N’es-tu pas notre père ?
Nous vivons devant toi toujours humiliés,