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Soit que l’orage sourd sorte de son repaire,
Soit qu’un calme profond nous endorme à tes pieds.

Nous t’offrons en présent de superbes navires
Qui, chargés de trésors, croyaient impunément
Traverser, malgré nous, nos souverains empires,
À l’aide d’un voile et d’un morceau d’aimant.

C’est toi que nous voyons le premier, quand l’orage
Du fond de l’horizon nous pousse vers les bords,
Et, comme vers le but d’un saint pèlerinage,
Nous dirigeons nos pas vers la rive où tu dors.

Tu formes des boudoirs, pour ces amants timides
Qui cachent leur bonheur aux regards importuns :
Leur barque flotte au gré de nos baisers humides,
Et l’amoureuse mer leur verse ses parfums.

Quand le manteau du ciel est tigré d’étincelles,
Tu semblés méditer au bruit des longs échos ;
Tu vois les gerbes d’or qui suivent les nacelles
Quand, fantômes légers, elles rasent les eaux.

Quand notre blanche troupe en hurlant se fracasse
Sur les longs pieds, noircis par les siècles vainqueurs,