Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/10

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Sa jupe rouge, bordée de noir, laisse apercevoir sa jambe nerveuse et charmante ; elle a roulé autour de ses épaules une écharpe à carreaux rouges et noirs comme sa jupe.

Ses beaux cheveux dénoués n’ont d’autre parure qu’un œillet rouge fixé sur le côté de la tête. En toute saison, du reste, une fleur rouge apparaît dans sa chevelure. Est-ce une simple coquetterie ? est-ce un vœu ?

On ne sait ; et cependant, parmi les nombreux et infortunés admirateurs de Marion, circule depuis quelques mois une étrange histoire.

On raconte, qu’un soir d’hiver, à la porte du Vauxhall, un jeune homme l’aborda brusquement.

À sa vue, Marion étouffa un cri, pâlit et l’entraîna à l’écart.

Mais des yeux indiscrets les suivirent.

Alors on vit le jeune homme ouvrir son habit et en retirer un œillet rouge, semblable à celui que Marion portait dans les cheveux, seulement il était fané.

Marion s’en empara, lui remit en échange l’œillet de sa coiffure, et le jeune homme se perdit dans la foule.

Depuis lors, on avait fait mille suppositions sur Marion, mais les plus acharnés, ceux qui briguaient ses faveurs avec le plus d’empressement avaient en vain cherché les traces du jeune homme mystérieux.

Jamais on ne l’avait revu.

Ce soir-là, 11 vendémiaire, la foule se pressait donc aux abords de Tivoli, et les muscadins, la jeunesse dorée, les merveilleuses dévastaient, en passant, l’éventaire de Marion, dont l’aumônière, suspendue à la ceinture, s’em-