Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/107

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— C’est pas étonnant, répondit l’enfant, le bon Dieu et puis le diable c’est des bêtises !…

— Et, continua Jacomet, ça n’a pas quinze ans, mais c’est mauvais !… Un régiment ne lui ferait pas peur…

— Eh ! le vieux ! grommela Bouquin, si tu as fini de dire du bien de moi, tu me préviendras…

— Il est voleur, menteur, braconnier… mauvais fils… il bat sa mère…

— La vieille m’embête ! dit le gamin. Elle ne veut pas me donner d’argent les jours de décade. Heureusement le vieux est moins dur…

Le capitaine, stupéfait, murmura à l’oreille de son ami :

— Mais d’où sort donc ce petit gibier de potence ?

— C’est le fils du père Brulé, répondit Jacomet, le plus brave homme de tout le pays, comme dit M. Henri, ajouta-t-il d’un ton ironique.

L’enfant jeta à la dérobée un regard farouche sur le bûcheron. — Allons, décide-toi, veux-tu conduire ces messieurs ?

— Si M. Henri me promet trente sous, oui.

— Tu les auras, nous allons chez toi. Bonsoir, Jacomet. An revoir.

Jacomet s’approcha du jeune homme et lui dit à l’oreille :

— Monsieur Henri, je vous jure que vous aurez tort d’aller aux Saulayes cette nuit.

— Tais-toi

— Le chef de brigade est revenu, murmura Jacomet… Il ne faut qu’un moment… un malheur est bientôt arrivé…

— Il y a un Dieu pour ceux qui aiment, répondit Henri à voix basse.