Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/111

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Quelquefois il disait brusquement :

— J’espère bien qu’elle est morte…

La mère Brulé pleurait silencieusement, quelquefois elle murmurait tout bas :

— Ah ! si elle revenait… comme je lui pardonnerais… comme je lui ouvrirais mes bras…

Le bon Sulpice disait aussi :

— Elle a fait une faute, la chère sœur, mais c’est-y une raison pour ne pas revenir ? Est-ce qu’elle n’a pas sa part ici ?… qu’elle revienne ! et je lui trouverai un brave garçon qui voudra encore bien d’elle pour femme…

Quand le Bouquin entendait sa mère et son frère parler ainsi, il haussait les épaules, se drapait dans un puritanisme farouche et s’écriait :

— Il ferait beau voir cette drôlesse revenir ici ! Une fille qui s’est perdue… une vagabonde !…

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Or, le bûcheron Jacomet parti, le Bouquin dit à M. Henri de Vernières :

— Est-ce que vous avez affaire à mon père, que vous venez à la ferme ?

— Je veux lui réclamer mon loup.

— Quel loup ? Vous avez donc des loups ? et vous les prêtez ?… C’est bien drôle, tout d’même !

— Mon bonhomme, dit froidement le capitaine Victor Bernier, ton étonnement naïf me prouve que tu es parfaitement au courant. M. le comte Henri de Vernières a tiré un loup, voici deux heures environ.

— C’est bien possible, dit le gamin avec flegme.