Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

y ont passé du matin. Vous n’avez plus besoin de moi… Baillez-moi mes trente sous, monsieur Henri.

— Comment ! tu nous quittes ?

— Dam ! je vais placer mes collets.

— Ce drôle a vraiment trop d’audace ! s’écria le capitaine Victor Bernier.

— Pourquoi donc ça ? demanda insolemment le gamin. Est-ce que ça vous regarde, mes collets ?… C’est-y à vous les bois… ou au général ?… Êtes-vous le garde champêtre… ou bien le brigadier de gendarmerie ?

Et le Bouquin, sans attendre la réponse du capitaine, rentra brusquement sous bois en chantant :

Des gendarmes, le capitaine,
Voulait me mettre en prison,
Turlutaine…

— Mon cher, dit Henri de Vernières, telles sont les mœurs du pays, tout le monde ici est braconnier.

— Aussi n’est-ce point aux braconniers que je viens faire la chasse, répliqua le capitaine assez haut, et ne songeant plus à la finesse d’ouïe du Bouquin, qui d’ailleurs avait disparu dans le fourré, ce n’est point aux braconniers, mais aux incendiaires !…

Henri de Vernières sauta du revers du fossé qui bordait le bois dans le sentier où les bœufs avaient laissé une empreinte noirâtre, et son ami le suivit.

Tous deux se mirent à marcher rapidement vers la ferme.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le Bouquin s’était jeté dans la broussaille, et un mo-